Grèce : un plan B est urgent (Tribune de Pascal Canfin)

4 Novembre 2011 , Rédigé par Europe écologie les Verts bigoudens Publié dans #Economie

   Grèce : un plan B est urgent


Les Grecs auront peut-être à se prononcer par référendum début décembre sur l’avenir de leur pays dans la zone euro. Ou peut-être pas si le gouvernement Papandréou n'obtient pas de majorité au Parlement pour organiser ce référendum. Mais, référendum ou pas, l'essentiel est ailleurs.

Car cet éventuel référendum ne sortira la Grèce de la crise de la représentation démocratique dans laquelle elle est plongée que s’il permet aux principaux partis politiques et à la population de sortir de leurs propres contradictions. En effet, si les Grecs s’opposent majoritairement au nouveau plan européen, ils s’opposent tout aussi très majoritairement (80 % ) à une sortie de l’euro. Or le maintien dans l’euro impose aux Grecs - éluEs comme simples citoyens - de rompre avec des habitudes fortement ancrées dans la société. Au premier rang desquelles une évasion fiscale massive, qui culmine chez les plus riches. Cela signifie aussi - pour les Grecs - cesser de consommer plus que ce qu’ils produisent, autrement dit une baisse du train de vie, notamment celui des plus aisés d'entre eux, et une amélioration de la productivité globale du pays. Un maintien dans la monnaie unique est impossible avec un déficit de la balance courante aussi important qui oblige, par définition, les Grecs à faire appel chaque année à toujours plus d'épargne étrangère.

La problème est que la potion exigée par la Troïka (BCE, Commission européenne et FMI) depuis deux ans s'apparente plus à une saignée qu'à un traitement capable de sortir le malade de la crise. Avec l'assentiment du gouvernement en place, les politiques menées pèsent d'abord sur les fonctionnaires, les salariés, les chômeurs, les retraités... avant de peser sur les armateurs, les riches aux piscines non déclarées, l'armée, et, bien sûr, l'église orthodoxe. Or, sans justice, les efforts ne sont pas acceptables, en Grèce comme ailleurs.

Ni l'Europe ni les Grecs ne souhaitent une sortie de la Grèce de la zone euro. Mais les contreparties actuellement exigées de la Grèce en échange de l'aide financière ne fonctionnent pas et en l'absence d'un agenda alternatif, elles pourraient pousser la Grèce à sortir de la monnaie unique. Pour éviter ce scénario noir, il est impératif que la Troïka mette sur la table des propositions destinées à lutter enfin contre l'évasion fiscale, à aller chercher là où il est l'argent qui a fui depuis des années, à obliger le gouvernement à réduire massivement ses dépenses militaires (même si cela ne fait plaisir ni à nos marchands d'armes ni aux nationalistes grecs), à sanctuariser les dépenses sociales pour les plus démunis, et à financer les investissements écologiques capables de réduire massivement la facture énergétique de la Grèce. Il faut également prévoir une annulation de la dette grecque plus importante que celle accordée la semaine passée. En effet, celle-ci ne représente que 25% de la dette totale, ce qui n'est pas suffisant pour sortir la Grèce du cercle vicieux de la dette et n’offre pas de perspectives de sortie de crise. Plutôt que de donner des coups de menton, le duo "Merkozy" devrait revoir sa copie et penser très vite à un plan B. Et plutôt que de renvoyer la responsabilité de tous les problèmes sur l'Europe, le gouvernement grec devrait avoir le courage de lever des tabous comme la corruption, la fraude fiscale et les privilèges de l'église. Sans ce double aggiornamento, la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro ne pourra plus être écartée.

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