TAFTA, eau et Pays bigouden
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L'atelier sur l'eau en Pays bigouden organisé par le groupe local EELV Ar vro vigoudenn et la la réunion publique consacrée au traité transatlantique TAFTA organisée par l'association "Le bruit des galets" à Tréguennec le 29 janvier ont toutes deux souligné la vigilance démocratique qui s'impose quand les missions de service public sont confiées à des entreprises privées.
L'analyse des factures d'eau dans plusieurs communes bigoudènes, comparées à celles d'autres endroits de France, montre que les Bigoudens paient leur eau cher.
Quand on entre dans le détail on voit que le montant de l'abonnement est élevé. Mais pourquoi un abonnement ? Comment justifier cela puisqu'il s'agit d'un service public universel répondant à un besoin vital et un droit fondamental, le droit à l'eau pour tous ? Comment justifier qu'avec cet abonnement une personne isolée paie son m3 beaucoup plus cher qu'un ménage plus consommateur ? Concrètement cela veut dire que l'eau utilisée pour répondre au besoin vital est beaucoup plus chère que l'eau utilisée pour remplir sa piscine !
Sans doute la pratique de l'abonnement permet-elle d'afficher un coût au m3 moins élevé, et pour l'entreprise délégataire d'augmenter sa marge bénéficiaire tout en donnant l'impression aux élus décideurs d'obtenir un bon prix. Mais ce devrait être aux élus de fixer les règles du contrat et en particulier la tarification. Et que dire pour le Haut pays bigouden qui inflige à ses administrés deux parts d'abonnement, une intitulée "abonnement part SAUR" et une intitulée "abonnement part communale" ?
Il y a manifestement pour la gestion de l'eau dans le Pays bigouden un défaut de vigilance démocratique.
TAFTA, traité de libre échange transatlantique en cours de négociation entre la Commission européenne et les Etats-Unis, a pour objectif de fixer des règles pour les relations commerciales et financières qui s'imposent aux états. Cela veut dire qu'un état pourrait se voir condamner s'il décide de lois contrariant les intérêts des grandes multinationales.
Cela peut nous concerner très localement. Il est envisagé notamment qu'une fois un service délégué au privé il ne soit quasiment plus possible à l'Autorité publique de le reprendre en gestion directe, avec des agents publics. Mais peut-on croire que les entreprises privées mettent l'intérêt public au premier plan de leurs priorités ?
Le livre récemment écrit par Anne Le Strat*, adjointe au Maire de Paris qui s'est battue pour la reprise en régie de la distribution de l'eau consacre un chapitre à la bataille politique avec les deux multinationales à qui était confiée l'exécution de ce service. Elle explique comment le PDG de Véolia, à l'époque M.Proglio, a tout fait pour gêner le retour en régie publique.
Intérêt public et intérêt privé ne sont pas convergents. Avec TAFTA c'est l'intérêt privé qui prime. Nous pensons que c'est un véritable danger démocratique. L'intérêt public est pour nous un impératif majeur.
* Une victoire face aux multinationales - Ma bataille pour l'eau de Paris (éd. Les petits matins) Source : Alternatives économiques n°352 - décembre 2015
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